jeudi 30 avril 2015

La pochette de sac à main, c'est le bien

Salut ma chère Aurélie,

Tu connais cette situation.
Dans un bar, ton interlocuteur te parle d'un super livre et tu sais déjà que tu vas l'oublier alors vite, vite, tu sors ton carnet... mais tu n'as pas de stylo : Grmml grmml grrr ; Là dans ta cabine avant le cours du sport, tu viens de te changer et tu n'as plus qu'à mettre tes affaires dans un casier...mais tu as oublié le cadenas : Grmml gmml grrr; Ta soirée d'hier fait que tu ne t'es pas préparé à manger, et là au supermarché il y a cette salade fraîche et prête...mais qui pense à emmener une fourchette avec soi : Grmml grmml grr !

Oui, toi aussi, tu sais.
Du coup, de sac en sac, d'activité en activité, tu parfais la liste des choses à avoir sur soi, si bien que ton sac à main est un apocalypse de trucs mouvants à chaque heurts du métro, et que tu n'y retrouve plus rien.
Là, il te faut une pochette.

La pochette, c'est un truc qu'on a commencé à remarquer en magasin il y a une dizaine d'années, et qui existe en plein de dimensions et autant d'llustrations. Il y a à peu près un an, j'ai compris qu'il m'en fallait une, moi aussi, et j'ai essayé de choisir parmi les différentes possibilités, en fonction de mon quotidien (car j'entends bien que tout accessoire entré dans la pochette n'en sorte pas : la pochette, c'est mon couteau-suisse à moi).

J'ai donc vidé le contenu de mon sac sur le canapé, et après tri, j'ai obtenu ça :

carte de transports / rouge(s) à lèvres / boîte contenant un cube de savon et un cube de déo Aromaco de chez Lush / mini-crème hydratante / cadenas / élastique avec une barrette attachée / brosse à dents et dentifrice / couverts en plastique / carte de la salle de sports / clés de maison / brosse à cheveux / trucs de fille / mini-mascara / 1 Stabilo vert, 2 stylos à billes et 1 Criterium.

Ensuite, j'ai fouillé dans mes placards pour en sortir les contenants correspondants, et considéré diverses possibilités :

- La mini-trousse à maquillage : on y glisse un hydratant pour les lèvres, une carte de transports, un téléphone, et elle est pleine. Bien pour les minimalistes. Moi, ça m'oblige à avoir une trousse à côté pour les crayons. Donc, non.

- La trousse à crayons : j'ai essayé. Mais c'est trop oblong, et mon déo ne rentre plus.

- L'organiseur de sac à mains : ça existe, j'en ai regardé sur Internet, mais je n'en ai pas, et je n'en achèterai pas. Déjà ça ressemble au croisement entre un sac de transports pour rollers et une boîte à oeufs, en plus cela nécessite un zèle maniaque pour tout remettre parfaitement à sa place (et le zèle maniaque et moi...)

- La pochette de taille moyenne (15 cm par 23), que j'utilise pour les vacances : elle est toute bête et n'a rien d'autre de funky hormis son illustration décalée. Mais tout y tient, la toile est épaisse et sombre (parce que la légende urbaine est vraie, c'est quand même pas très hygiénique, un fonds de sac à main).

La pochette : état de l'art 2015
Donc, c'est celle-ci que j'ai choisi, et avec le recul, je dois t'avouer que je ne pense pas changer de si tôt. Je suis certaine d'avoir toujours les accessoires utiles sur moi, j'ai beaucoup réduit mes étourderies, et quand j'ai dû partir en week-end, la dernière fois, je n'ai pas ajouté grand-chose à cette liste avant de partir.
Mon sac à mains est plus organisé, et je commence même à avoir la réputation de celle qui a tout prévu, ce qui est très inattendu.

Mais comme je sais qu'on peut toujours faire mieux, dis-moi, tu l'organise comment, ton sac à main ?

lundi 20 avril 2015

L'impossible rêve du jean parfait

Chère Laurence,

Merci pour ton article sur la mode et les fleurs. Je suis toujours enchantée par ton lyrisme, même si je ne suis pas forcément d'accord. Tu nous annonces la mort des fleurs, au prétexte que nous nous sommes éloignés de la nature. Mais je t'opposerais deux arguments : 1/ le retour des citadins vers la campagne ; 2/ le business des fleuristes. Je ne poursuivrais pas, ce n'est pas ma spécialité, mais les gardenias dans ma chambre te prient de bien vouloir me croire : la fleur n'est pas encore tout à fait morte, même au sein des villes tentaculaires !

Sur ce, passons au sujet du jour. Je voudrais, moi aussi, te parler de mode. Mais cet article-ci sera bien moins lyrique et beaucoup plus pragmatique. Vois-tu, ça fait des mois que je suis en quête du jean parfait.
Je dis "Parfait", mais ne crois pas que je soit ultra chicaneuse et que ma quête soit vouée à l'échec dû à des demandes si complexes qu'elles ne seraient possibles à satisfaire, même par la plus dévouée des couturières. Rien de tout ça. D'ailleurs, tu peux juger par toi-même. Voici mes critères.
Je veux un jean qui soit :
  • À ma taille ;
  • De bonne qualité.
Je n'ai pas vraiment de critère de prix : pour une fois, je suis prête débourser ce qu'il faudra pour posséder au moins un item de qualité (dans la limite du raisonnable tout de même).

Or il semblerait que ces demandes - a priori simples - soit mutuellement exclusives. Il y a quelques semaines, j'ai entrepris de me faire tout Oxford Street. Je suis entrée dans chaque boutique et voici mon constat : les marques à peu près correctes, qui proposent des jeans de qualité, ne font pas les "grandes tailles". Ou si elles en ont quelques unes, c'est toujours dans les plus grandes longueurs de jambe (ce qui ne m'arrange pas vraiment : si je mets le prix pour avoir quelque chose de bien, ce n'est pas pour avoir à m'emmerder à faire un ourlet !).
Et les marques qui proposent ma taille ont des jeans dont la qualité se rapproche de celle du papier à cigarette, qui décèdent de leur belle mort dans les deux mois (et ça je peux en témoigner : c'est le genre de jeans que j'achetais jusque-là).

J'ai retenu mon souffle en découvrant que River Island proposait des jeans en taille 18 (l'équivalent d'un 46 à peu près partout). J'ai déchanté une fois dans la cabine d'essayage en découvrant sur l'étiquette une mention "FR 44" et en m'apercevant qu'il taillait effectivement dans les environs du 44, voire un peu plus petit. Dommage pour moi.

Tout ceci n'est que mensonges !


Lors de mon voyage aux États-Unis, je suis bien entendu allée faire un peu de shopping. Et là, miracle, luxe et volupté, j'ai découvert Old Navy. J'ai pu y essayer des jeans sympas mais trop grands pour moi (ce qui m'a beaucoup fait rire : ça faisait des années que ça ne m'était pas arrivé) et trouver "la" paire de jeans qui répond parfaitement à mes critères : à ma taille, et de (pas trop mauvaise) qualité. Je dis "la" car les autres, même en longueur de jambe "short" étaient trop longues.

Mais mon problème ne s'arrête pas là. Une paire de jeans, c'est bien joli, mais ça ne dure qu'un temps et ça ne te fais pas une garde-robe. Old Navy n'a pas de magasins en Europe. Si je voulais, je pourrais passer outre les frais d'envoi exhorbitants et en commander outre-atlantique. Mais si il faut renvoyer des items, ce sera pour ma pomme.

Alors pour la suite (les autres styles et couleurs de jeans que j'aimerais bien ajouter à ma capsule), la question reste entière et irrésolue : suis-je condamnée à mettre des jeans de merde ? Pourquoi le marché de la mode ne veut-il pas de mon argent ? À quand des marques inclusives qui proposent dans toutes les tailles des vêtements de qualité ?

Si tu as le moindre début de réponse à ces questions, chère Laurence, chers lecteurs, je t'en prie, fais m'en part !

- Aurélie

jeudi 16 avril 2015

En 2015, peut-on encore porter des fleurs sur ses vêtements ?

Hello chère New-Yorkaise,

J'espère -et je me doute un peu, maintenant, que tout aura été à ton goût dans cette ville rêvée (et peut-être aussi que tu ne vas pas m'annoncer d'ici six mois que tu y pars, car te visiter deviendra bien plus difficile). En attendant, j'ai fait un peu de shopping ces derniers jours, car avec le printemps vient un changement de garde-robe nécessaire, et voilà mes cogitations de cabine d'essayage ici rassemblées :

Tout d'abord, je ne sais pas si tu le constate aussi à Londres, mais les magasins sont plein d'une certaine sobriété design citadine. Le tweed noir et blanc, très graphique, est partout, notamment sur de grands manteaux surdimensionnés, destinés à être portés avec un sac à main de cuir noir et une tenue sobre (si possible en jean, car les accords noir-jean sont le must de la saison, ainsi que les couleurs gris-bleu marine-blanc-noir). Malheureusement, cette sobriété chic peut être un peu loupée quand elle est appliquée sans finesse : on oublie donc les chemises noires et bleues marine à motifs, je n'en ai pas trouvé une qui vaille, le motif cette saison c'est la fin, rien d'original, rien d'intelligent, ou en tout cas pas dans les boutiques qui sont dans mes moyens.
Et puis il faut se rappeler que le printemps, en tant que demi-saison, c'est l'antichambre de l'été : on envisage stylistiquement une simplification des motifs, un retour à la fraîcheur, qui doit préparer le grand épurement des mois ensoleillés, et ça c'est vrai de tout temps, mode ou pas mode. Les grandes ardeurs de motifs excentriques, c'est pour le milieu de l'automne et l'hiver, quand notre œil fatigué n'a pas grand'chose à se mettre sous la dent, niveau lumière et nature.
Cette fois-ci, il est donc question d'une simplification visuelle bienvenue, loin des excès des saisons précédentes.

Ensuite, j'en arrive au titre de cet article, parce que j'ai constaté dans de multiples boutiques qu'on nous refaisait le coup des fleurs. Ne t'attends pas à un plan thése/antithèse/synthèse, parce que là-dessus je suis à peu près aussi décidée que le Pape si on lui proposait de relooker la Papamobile en léopard, ou Christina Cordula si je devais lui expliquer les vertus de la marque Iron Fist.
Donc, je rappelle à toute fins utile qu'en matière de motifs, c'est un fait, l'homme s'est toujours inspiré de ce qu'il avait sous les yeux. Mate un vase japonais du peuple Aïnu, des pages enluminées de manuscrit médiéval ou les fleurs du mouvement Arts & crafts, et tu verras que c'est globalement vrai, ce que je te raconte et ça marche aussi pour le vêtement, qui reflète toujours la société dans laquelle vivent ceux qui le portent.

Artichoke wallpaper, by William Morris (Wikimedia).

Le motif fleuri, c'est toute une histoire, et même si on se réfère aux temps les plus proches de nous, et qu'on se contente de la fleur 18e qui ornait les salons de Marie-Antoinette ou des motifs 19e de l'Arts and crafts de William Morris, des 50-70's et de ces dames en robe attendant leur maris, ou des belles hippies du flower power, une société toute différente, à la temporalité plus lente, et dont on resuce les codes indéfiniment depuis une bonne vingtaine d'années.
Alors en 2015, porter des fleurs, est-ce que ça a encore du sens, quand pour nous autres pauvres citadins pressés, la nature c'est un ramassis de tulipes boostées aux pesticides par les agents municipaux, et trois arbres faméliques à demi asphyxiés par les exhalaisons des pots d’échappements ?
Dans notre société du béton, où tout est design et où la mauvaise herbe n'a plus sa place, on l'a voulu de tout notre cœur, ce blanc-noir-fluo qui n'a plus rien de naturel, et cette vie trépidante qui nous oblige à organiser nos fringues "to make an impression" de manière efficace et variée. Au moins pourrions-nous avoir l'honnêteté de le reconnaître dans notre allure de tous les jours : les fleurs se réfèrent à un temps si différent du nôtre que c'est un mensonge sémantique que d'en arborer comme on en portait au XXe siècle.

Il y a pourtant des manières de porter ce motif compliqué : tu te rappelles 2013, les fleurs sur fonds noir ? ça m'allait parce que j'y percevais le même cynisme qui parcourt notre société désabusée, cet à quoi bon post-moderne qui s'applique à tout : on portait le deuil des fleurs, elles étaient aussi littérales qu'un aphorisme moqueur d'Oscar Wilde. Après, comme si cette parenthèse réaliste s'éteignait, nous avons subi cet éphémère folie des feuilles tropicales, en plein milieu du n'importe quoi, qu'il ne fallait suivre sous aucun prétexte puisque neufs les vêtements portaient déjà les promesses de leur très rapide désuétude (parle-moi du junk-space à la Rem Khoolaas, car chaque domaine de notre quotidien témoigne de la justesse de ses vues : du junk-clothing à date de péremption rapide, voilà ce que c'était). Et là, paf, 2015, les fleurs reviennent, datées, déjà vues, partout. Il faut arrêter de se mentir : l'humain du 21e siècle est tout aussi design et  artificiel que l’environnement qui l'entoure. Dans la rue, il est une bulle de sens aussi complexe qu'une page de publicité, il se représente aux autres, se vend, tout en n'ayant pas de temps à perdre. Si la couleur brute, et les motifs géométriques, ou liés à un sens proche de lui (le petit monde graphique pop, gothique ou contestataire des 50 dernières années possède des ingrédients bien plus utilisables dans notre réalité actuelle) ont encore une raison d'être, les fleurs portées au premier degré, qui appartiennent à un temps où l'on en avait (du temps...), où la nature était un ingrédient commun à tous et le soin apporté aux détails fondamental, les fleurs, c'est un langage esthétique à laisser à des maîtres de la haute couture pour les supra-riches rétrogrades qui ont encore cette vie-là, mais pour nous, qui dans les rues sommes présent et avenir, c'est bel et bien fini.



mardi 14 avril 2015

Liens : le retour du sténopé

Chère Aurélie,

Alors que tu te remets tout doucement de tes grandes aventures américaines, voilà un mini-article sur ce sujet que j'ai bien l'intention d'approfondir, mais qui n'est pour l'instant qu'une ridicule boîte à chaussures dans un coin de mon crâne: je veux m'interroger sur la production contemporaine d'images, et donc produire des images, et même si je fantasme des trucs autours de l'impression comme la linogravure et la sérigraphie, c'est la photo qui me fait froustiller* ce tantôt.
Mais pas n'importe laquelle.

Parce que la "grande" photographie me fait un peur, avec sa technique toute pointue et ses beaux experts. Non, je veux du fun, et commencer par comprendre pour de vrai comment ça marche, la reproduction du réél sur papier.

Alors en ce moment, je bavouille à l'idée de bidouiller un sténopé.
Qu'est-ce que c'est ?
L'ancêtre de l'objectif, le degré 0 de la bricole photographique, un truc qui nous vient des camera obscura italiennes de la Renaissance (à ce sujet, il y avait une nouvelle terrifiante portant ce nom dans un recueil Alfred Hitchcok présente quand j'étais ado).
On s'en sert pour des photos très étranges, et curieusement datées...

Dans mon recueil de liens pour cette ténébreuse activité, on trouvera ceci :

un mode d'emploi
un groupe de fans du sténopé
un truc tout prêt avec des cours si vraiment j'y arrive pas

Voilà mon projet du printemps, j'ai hâte de trouver du temps pour le tester !



* frémir + croustiller, c'est le verbe descripteur ultime quand on aime un truc, non ?

lundi 6 avril 2015

In love with Hedwig

Chère Laurence,

J'avais prévu de te raconter comment, après une petite semaine à peine, je suis imbattable pour m'orienter dans Manhattan, comment, après un moment de confusion, je suis devenue une adepte des rues numérotées par ordre croissant, comment j'indique leur chemin aux autres touristes, et comment New York a déjà un petit goût de "chez moi".
Je voulais aussi te décrire ce sentiment étrange en découvrant une ville qu'on a l'impression de connaître déjà. Parce qu'elle fait l'objet de tant de descriptions et de fantasmes. Mais aussi parce qu'elle est si proche de nos capitales européennes. Du coup, tout semble normal, mais juste un peu décalé. Les passants pressés pourraient être des parisiens stressés. Les rues sont juste un peu plus pleines de voitures, un peu plus riches en taxis jaunes et en hummers si hauts que je n'arrive pas à voir le visage des conducteurs. Le réseau de métro est aussi grand que celui de Londres, et aussi sale que celui de Paris - mais les différentes directions sont juste un peu moins bien indiquées.

Bref, chère Laurence, je ne parlerais pas de tout ça, car tout à changé samedi soir. Laurence, I am in love. C'est du sérieux. I'm completely smitten. Je ne pense plus qu'à elle et je chantonne son nom dans mon sommeil...
Samedi, on est allés voir Hedwig and the Angry Inch. C'était une débauche de flashs et de guitares saturées, de fourrures, perruques et paillettes. Hedwig était interprétée (pour l'une de ses toutes dernières représentations apparemment), par John Cameron Mitchell qui était fa-bu-leux. Accompagné par la toute aussi fabuleuses Lena Hall. J'ai été émue et captivée, et j'ai eu l'impression de me transformer en fan dès les premières notes de la première chanson.
Je te laisse donc en musique, car Hedwig saura mieux te dire tout ça que moi. (Et avec Neil Patrick Harris, just because.)


- Aurélie

jeudi 2 avril 2015

Lien : Londres, une ville pleine de mystères

Hello chère Aurélie,
Hello où que tu sois, en train d'essayer de te faire embaucher à la New York Library ou de déguster un sandwich au pastrami. J'espère que ton séjour se passe bien, que les New yorkais seront aussi merveilleux que dans la série Broke Girl et que tu reviendras en grande forme.

Paris est éclairé par un beau soleil printanier (ce qui nous change de ce proverbial nuage de pollution de la semaine dernière), et cela réveille chez moi de folles envies de psychogéographie.

Or, il se trouve que cette belle discipline a été inventée par des Londoniens, et il y a une raison : partout où l'on pose le regard, si l'on ne contente pas des magasins et de l'activité bourdonnante, le passé affleure.




Le journaliste Peter Watts le sait pertinemment, et s’intéresse aux traditions de sa ville sous toutes leurs formes. En lisant son blog, tu apprendras à regarder sous les grilles d'aérations pour y voir d'anciennes rues enterrées, tu découvriras les boutiques les plus authentiques (et les plus étonnantes)plus jamais tu ne regarderas ton A to Z (complément vital du sac à main Londonien) comme avant...

Comment ça tu es déjà occupée à New York ?
Allez, Hop !

PS : Je te souhaite de très, très bonnes vacances, et de belles photos à nous montrer :-)