vendredi 27 février 2015

"Je ne me fais pas de souci pour toi" - deuxième

Chère Laurence,

Merci beaucoup pour ton post d'hier qui m'a pas mal amenée à réfléchir.
Laisse-moi l'avouer tout net : je suis définitivement coupable d'un certain nombre de "Je ne me fais pas de soucis pour toi".
Que veux-tu : j'en ai plein, des amis intelligents et aventureux qui ont parfois la trouille au ventre. Mais, contrairement à toi, je ne pense pas que l'effort doit venir de celui qui reçoit cette petite phrase, mais plutôt de celui qui la dispense.

Comme tu le dis si bien, ce qu'on veut souvent dire, derrière cette petite phrase anodine, c'est "je sais que tu es capable de mener à bien ce que tu vas entreprendre, ou de rebondir si tu rates". Alors pourquoi ne pas le dire vraiment ?
JNMFPDSPT, c'est une petite phrase facile et paresseuse. Elle coupe court à la conversation, et elle n'accomplit pas l'office de rassurer la personne qu'on a en face. On passe à autre chose et on la laisse se noyer dans ses doutes et son désespoir.
C'est aussi un peu condescendant : moi, je sais bien que tu ne devrais pas t'en faire. Pourquoi ne le vois-tu pas toi-même ? Or, c'est toujours plus facile de voir avec objectivité une situation de l'extérieur, plutôt que de lorsqu'on la vit de l'intérieur.

Alors, je dis "à mort JNMFPDSPT !". Soyons de vrais amis, de ceux qui rassurent et qui expliquent ("Je sais que tu as peur et que c'est terrifiant comme situation, mais je pense que ça devrait bien se passer et voilà pourquoi."), qui déconstruisent la situation point par point pour montrer les failles de raisonnement ("Mais non, copine, changer de boulot ne va pas te conduire à finir sous un pont. D'ailleurs, si jamais ça arrivait, tu peux toujours venir squatter mon canapé. Mais entre poster un CV et être expulsé de son appart, il y a quand même un petit gouffre, tu ne crois pas ?"), et surtout de ceux qui savent quand se taire et écouter ("Raconte !").

Bref, prenons le temps d'écouter les peurs des autres, même si elles nous paraissent ridicules. "Je ne me fais pas de soucis pour toi" aide rarement quiconque. On devrait pouvoir faire mieux.

Au fait, Laurence, puisqu'on est sur le sujet : quoi que tu décide de faire du reste de ta vie, quelles que soient les aventures dans lesquelles tu comptes te lancer, quelles que soient les décisions que tu aies à affronter... Je ne me fais pas de souci pour toi. Mais passes-moi un coup de fil quand même pour me raconter !

- Aurélie


jeudi 26 février 2015

"Je ne me fais pas de souci pour toi"

Ma chère Aurélie,

Aujourd'hui j'avais envie de te faire partager cette phrase qu'on te répète réguliérement quand il t'arrive d'être un peu chifoumi, et que tu t'inquiètes sur pleins de sujets variés.
J'ai quelques amis qui se sont retrouvés dans cette situation, et ils ont tous vécu la même chose, d'où mon intérêt.
Quand tu te fais du souci, et que tu discutes avec un ami ou de la famille pour te rassurer, arrive un moment dans la conversation où ton interlocuteur te dit : "Enfin, quoiqu'il en soit, je ne me fais pas de souci pour toi."

Et là, si tu es un temps soit peu déprimé, au point que tout ce que tu voudrais c'est un gros câlin, un moment devant un chocolat chaud et l'assurance que tout va bien se passer, un peu comme quand tu étais petit enfant, tu ne peux pas t'en empêcher : tu fulmines un peu, et tu as très envie de pester "Et bin si ! Fais-toi en du souci, si tu tiens à moi ! Moi, je m'en fais!"

Sauf que.
Déconstruisons un peu cette phrase : en vrai, qu'est-ce qu'on veut dire, quand on dit à quelqu'un "Je ne me fais pas de souci pour toi" ?
Qu'on ne tient pas à lui ?
Qu'on s'en fout de ses problèmes et qu'à tout prendre, on préfère retourner à nos mots croisés ?

Non non non.
Le genre de personnes à s'attirer cette remarque sont précisément des gens intelligents, qui ont envie de s'aventurer dans la vie, et qui sont un peu inquiets devant la masse de potentialités négatives que contiennent leurs aventures. Ils se disent beaucoup "Et si ça ne marchait pas... Et si tout allait mal... Et si je ratais..."
Sauf que le fait de s'interroger sous-entend certes un manque de confiance en soi, mais aussi une certaine intelligence.
Dire "Je ne me fais pas de souci pour toi", c'est reconnaître cela : moi, en tant que personne censée, je sais que tu es capable de mener à bien ce que tu vas entreprendre, ou de rebondir si tu rates.
Fais-moi confiance, tu en es capable.
C'est donc plutôt un compliment, voire un encouragement.

Il y a même plus.
Les gens qui s'attirent cette phrase sont des petits inquiets, de nature.
Si, à un moment, on ne les arrête pas, ils sont capable de monter un grand roman sur leurs inquiétudes, et de déprimer plus qu'il ne faudrait, et même ne pas agir du tout.
Finalement, ce moment où on lance le fameux JNMFPSPT, c'est un appel concis au Carpe Diem romain, un "hé, ho, on arrête là, tu agis, et tout se passera bien."
C'est un rappel de la réalité : alors qu'on se voit à la loupe, avec tous nos petits défauts, avec toutes nos erreurs et notre histoire, l'autre, qui nous cite cette phrase magique, nous perçoit tout autrement.
Il voit notre enthousiasme, notre intelligence, nos qualités réélles. Il sait, lui, que si on s'efforce de notre mieux, tout va très bien se passer.
Alors, au lieu de fulminer en voulant notre câlin régressif, peut-être que nous devrions juste savourer cette phrase, et faire confiance au jugement de notre interlocuteur; nous saisir de ce "Je ne me fais pas de souci pour toi", et nous aussi, arrêter de nous en faire et agir.


mercredi 25 février 2015

Women are Awesome #2 : Grace Hopper

Chère Laurence,

C'est le dernier mercredi du mois et c'est donc l'heure de parler de nouveau d'une femme extra-ordinaire ! Ce mois-ci, je voudrais te présenter Grace Hopper.

Grace Hopper fut l'une des premières doctoresses en mathématique. Elle a participé à la création de l'un des premiers langages informatiques, le COBOL. Oh, et elle était Amiral dans la Navy américaine.
Un tantinet badass quoi.

Grace Hopper en 1984 (source)

On lui attribuerait d'avoir popularisé le terme "débugguer" et c'était une pionnière dans l'implémentation de standards en informatique.

Des conférences portant son nom sont désormais données pour célébrer les contributions des femmes - par trop souvent diminuées ou oubliées - en informatique.
Aujourd'hui, comme de son vivant, elle est une inspiration et un modèle.

Un petit documentaire d'une quinzaine de minutes vient de sortir à son sujet, et il est intitulé, fort à raison, "Queen of Code". Je t'encourage vivement à le regarder pour en apprendre plus sur l'histoire de cette femme fantastique.

- Aurélie


mardi 24 février 2015

Le lien du mardi : le plein de motivation artistique en un podcast

Ma chère Aurélie,

Merci pour l'article d'hier, parfois tester la réalité de nos fantasmes nous permet de faire d'intéressantes découvertes.

Pour ce lien du jour, justement, parlons réalité.
Mais, tu me connais bien, pas n'importe laquelle : parlons réalité du dessin.

Des fois, je dessine un peu (comme je ne suis pas très sûre de moi sur la question, disons : je grafouille).
Mais surtout, je m'intéresse à tout ce qui touche à cette discipline, et donc je fais une veille internet sur quelques sites.
Parmi ceux-là, il y en a auquel j'ai eu la bonne idée de m'inscrire, et qui m'envoie une belle newsletter pleine de couleurs chaque semaine, et c'est Illustration Friday.
Ce site propose non seulement des oeuvres pop et cool de nombreux dessinateurs, des interprétations du thème de la semaine et des petites présentations d'artistes, mais ce qui m'intéresse le plus, c'est le Creative Pep Talk d'Andy J. Miller.



Un Pep Talk, on sait ce que c'est : c'est ce terme américain pour un discours d'encouragement qu'on donne à quelqu'un qui en a besoin.
Et en effet, une fois par semaine, à peu près, cet illustrateur américain nous offre quinze minutes de ses pensées et conseils sur la création, sur les blocages, sur la carrière d'illustrateur... Une demi-heure d'encouragements chaleureux, un peu comme si on était au café du coin en sa compagnie, en train de parler de nos petits soucis, et qu'il nous racontait comment lui traverse la même chose, et arrive plus ou moins à s'en dépatouiller.

Un joli moment, en général.
Pour que tu puisse tester, si le coeur t'en dit, voilà un lien vers tous les Creative Pep Talk, et un lien sur le dernier en date, que j'ai beaucoup apprécié, puisque son thème était les blocages et les peurs.

lundi 23 février 2015

Oxford, ville fantasmée

Chère Laurence,

Samedi dernier, je suis allée me promener dans la ville d'Oxford. Pour moi (comme pour beaucoup, sûrement, vue la quantité de touristes dans les rues), c'est une ville de fantasmes plus qu'une ville réelle. Enfin, c'est même difficilement une ville : c'est surtout la troisième université la plus ancienne d'Europe (après Bologne et la Sorbonne), qui se vante d'avoir eu pour élève 26 premiers ministres britanniques, 50 prix Nobel, et 120 médaillés olympiques. C'est un synonyme d'excellence, mais aussi de richesse et de snobisme. De traditions, amusantes ou rétrogrades. Et puis il y a Harry Potter.
 
"Divinity school", un hall de la Bodleian Library (aka l'infirmerie dans Harry Potter) (par Beth Hoffman).
Comme il m'est difficile de résister à l'attrait du bibliotourisme, je suis bien entendue allée visiter la Bodleian Library. Ils organisent des visites guidées à tours de bras, et je m'attendais à en prendre plein la vue niveau livres anciens et reliures originales. Mais le problème, c'est que les guides sont tout sauf des bibliothécaires. En une heure, on a eu droit à 50 minutes de blabla sur l'histoire de l'université et la construction des bâtiments. Et 10 minutes en présence des collections. Sans de véritable explication sur leur contenu, leur valeur, leur classification. Belles rangées de livres, certes, mais très frustrant de ne pouvoir en apprendre plus, même en cuisinant le guide ("ahah, if I were to tell you that... I would have to kill you!" - la réplique qui tue pour se débarrasser des questions embarrassantes).
En gros, tout ce que j'ai retenu, c'est que la bibliothèque et l'un de ses halls ont servi de set pour filmer les Harry Potter. Apparemment, c'est plus important que les Bibles de Gutemberg. Vas donc savoir.

Grâce à sa carte magique (prouvant qu'elle travaille pour l'université), l'amie qui nous faisait visiter a pu nous montrer l'intérieur de quelques collèges. Bâtiments anciens (plus quelques vestiges d'architecture des années 60, hideuse, ça et là), cours intérieures avec gazon entretenu au millimètre, chapelles absolument partout (apparemment, chaque collège a son chapelain, mais les chapelles servent surtout aux répétitions musicales...), on a même pu faire le tour d'une salle à manger toute en marqueterie, ornée de portraits à l'huile, pour les dîners formels (en toge et tout et tout) qui se tiennent plus ou moins fréquemment en fonction des collèges.
Bref, ça entretient le mythe et ça fait un peu rêver.
 
La table des profs dans la salle à manger de Trinity College (l'un des collèges où, le dîner en toge, c'est tous les soirs) (par Winky).
Je te parle de collèges, peut-être faut-il un peu préciser : ce sont des structures autonomes où les étudiants sont hébergés et étudient, avec chacun leur histoire, leurs alumnis célèbres, leurs traditions. Un peu comme les "maisons" dans Harry Potter.
Mais les enseignements en eux-mêmes se font dans les différentes facultés. Du coup, les étudiants se retrouvent avec deux types de camarades : leurs camarades de classe au sein de leur faculté, et d'autres camarades venant de diverses disciplines au sein du collège. Plutôt sympa.
Il y a une quarantaine de collèges en tout. Certains sont de "première classe", d'autres de "seconde classe", en fonction de leur prestige. Sauf que ce n'est marqué nulle part : il faut le savoir.
Et c'est là que les ennuis commencent. Les critères pour entrer dans les collèges sont ultra-flous. Ce qui peut donner lieu à n'importe quel type de débordement. En gros, ce qu'on m'expliquait, c'est que s'il est dans la tradition de ta famille d'étudier dans tel collège, tu ne devrais pas avoir de problème. Si ce n'est pas le cas... Ça va être plus compliqué.

Parce que c'est là tout le problème d'Oxford. C'est une ville de cliques et de fric. Chacun défend bec et ongles les intérêts de son propre groupe. La mixité sociale est relativement réduite. En fonction des collèges, l'ambiance varie beaucoup, mais partout flotte une étouffante odeur fin de règne.
Bref, mes fantasmes Oxfordiens ont tourné court. Je ne pense pas que je survivrais longtemps dans ce genre d'environnement. Les collections de la Bodleian ont beau être belles... Ça ne fait pas tout.
Et toi, qu'en penses-tu ?

- Aurélie


vendredi 20 février 2015

Le shercoat est arrivé !!!

Chère Laurence,

Tout a commencé en septembre 2012 quand je suis tombée sur ce lien. L'auteure y expliquait, en de nombreux épisodes, comment elle tentait de recréer un manteau. LE manteau. Le manteau de Sherlock.
(Et oui, c'est une semaine à thème...)

Oui, ce manteau-là !
Aujourd'hui, il y a des liens similaires plein Google, de fans qui s'amusent au cosplay, ou qui veulent juste un manteau cool (mais pas au prix de vente des boutiques en ligne), ou qui veulent qu'il soit très exactement à leur mesure. Ou juste pour le challenge. 
Bref, back in 2012, j'ai envoyé le lien à la meilleure frangine du monde, en lui disant "au cas où tu ne saurais pas quoi faire de ta machine à coudre...". Et on s'est mises au travail.

Je lui ai traduit les instructions en français (tu peux les télécharger ici en pdf si ça te tente), elle a commencé à dessiner un patron en mousseline, j'ai commandé du tissus sur un site de cosplay situé en Chine, elle a commencé à monter le manteau, pièce par pièce... Nous avons fait de multiples essais, j'ai évité d'être poignardée à coups d'épingles, elle a cousu, décousu, recousu, re-recousu (bref, ne nous voilons pas la face, je me la suis coulée douce en regardant Buffy pendant qu'elle se tapait tout le travail.)
Et je l'ai enfin reçu hier.


Ça aura pris longtemps, mais on aura été ralentie par mon déménagement (pas facile de faire des ajustements quand ton modèle ne vit pas dans le même pays !).
On n'a pas non plus fait une réplique exacte : mon manteau est plus cintré et les boutons sont côté "femme". D'ailleurs les boutons ne sont pas très ressemblants et c'est entièrement ma faute : je m'y suis bien entendu prise à la dernière minute pour tenter d'en trouver qui fassent l'affaire. Et je n'ai qu'une rangée de boutons au lieu de deux car mon tour de taille a évolué entre temps.

Mais, mais... Il est magnifique. Il est fantastique. Je l'aime d'amour et je vais avoir trop la classe dans le métro (et dans la rue, et au boulot, et dans les conventions).
Je te laisse apprécier la bête (je t'enverrais de meilleures photos quand j'en aurais !).


À bientôt Laurence. Et un immense merci à Julia.

- Aurélie

jeudi 19 février 2015

Considérations gratuites autour du livre, des lecteurs, et du marché de l'occasion

Ma chère Aurélie,

Comme tu le sais, j’ai fait cette dernière année l’intéressante expérience de quelques heures de bénévolat dans une librairie d’occasion (je précise : pas un truc fancy, avec des livres de prix, non non, du poche et du grand format à couverture collée, hein).
Je viens d’arrêter, et j’avais très envie de te raconter ce que j’en ai retiré.

Traditionnellement, on considère l’objet-livre comme sacré. On maudit les bibliothécaires qui désherbent les ouvrages usagés, ou à l’information dépassée, et donner des livres pour qu’ils soient réutilisés, ou les revendre est un sport national. Le livre jouit de son rayonnement culturel qui rejaillit sur son possesseur (d’où ces cas de vols “sociaux”, ou de cette habitude de juger une personne d’après sa bibliothèque).
Le livre ne serait donc pas un produit de consommation comme un autre.

Or, le fait d’approcher le marché de seconde main m’a permis de raffiner cette vision.
Y travailler, c’est avoir les pieds dans la marée de la production de livres contemporaine, et par le biais des flots de bibliothèques personnelles qui nous parviennent, de se faire l’observateur de ce qu’achètent, lisent et abandonnent les gens (à tout le moins le Parisien, dont nous savons depuis Balzac qu’il est une sorte de lecteur un peu à part).
Car, avec une surproduction aussi déraisonnable, ce que montrent les monceaux de livres qui viennent s’échouer dans les librairies d’occasion, c’est que le livre est un produit, parfois de mauvais qualité, dans le fonds ou la forme, lié aux modes, très vite encombrant, et dont on cherche régulièrement à se débarrasser comme une vermine résistante (à l’instar de n’importe quel produit manufacturé contemporain, me diras-tu).

Des livres qui sont abandonnés vertueusement en espérant une seconde vie, qu’il s’agisse d’une bibliothèque années 80 de parent parti en maison de retraite, de services de presse périodiquement donnés par des critiques envahis, d’albums jeunesse cornés cédés par de frais adolescents, ou de la marée infinie des romans de la rentrée littéraire (des rentrées littéraires, car toutes années confondues atteignent nos rivages indifférement) et de ces romans qu’il a été de bon ton d’avoir lu dans certains cercles, paradoxalement, peu repartiront.

La librairie d’occasion n’a plus que l’écho en creux des opérations de communication organisées à la sortie du livre, et celui-ci, déconnecté de la très fraîche nouveauté (comme les ouvrages d’occasion présentés à côté de leur jumeau neuf, dans certaines librairies), de la rumeur promotionnelle qui l’accompagnait, devient un objet d’achat tout à fait différent : un tri drastique se fait entre ceux dont on a parlé (mais que tout le monde a lu), ceux qui sont trop datés, et ceux qui méritent d’être lus, même écornés, même un peu déreliés.

Je m’explique pour ceux qu’on ne pourra que très difficilement revendre : on est d’accord, l’océan de bouquins qui atterrissent neufs en librairie ne seront pas tous lus, et n'en valent sans doute pas tous la peine. Ceux-là, les lecteurs ne les garderont donc pas, et à peu près deux ans après, on les retrouve dans les bacs d'occase. Où personne ne veut plus les lire, vu qu'il n'y a plus de plan com' associé.
En outre, l'objet physique est salement daté : rien ne vieillit plus vite que le graphisme, et bien des livres des 80-90's sont désormais compliqués à écouler, sans compter bien entendu sur les traitements violemment chimiques réservés au papier (qui font par exemple que mon exemplaire de Raymond Chandler vintage se confit de lui même sur son rayonnage, malgré son maintien hors de la lumière, en attendant une probable dessiccation finale).
Les idées aussi vieillissent : j'ai déjà mis la main sur quelques romans 50's propageant des idées insoutenables aujourd'hui.
Ces livres-là (trop datés, trop insuffisants dans leur contenu), sont dans leur grande majorité difficilement vendables. Et aussi nombreux que le laisse entendre le terme “surproduction.”

Et, il y a les autres.
Ce sont ces livres dont l’esthétique, même kitsch, ne vieillit pas. Dont le contenu fait qu’il partiront toujours, hors plan com’. Ceux que j’ai vu être achetés tous jaunis, ou même avec une couv’ horrible, serrés contre le coeur de leur nouveau lecteur.
Autant te dire qu’ils ne sont pas légion, mais comme leurs acheteurs ne sont pas légion. Acheter des livres d’occasion, c’est une activité bien particulière, et qui s’adresse à une frange particulière: au lecteur qui complète sa bibliothèque à moindre coût, qui se tient au courant de l’actualité littéraire, et à qui tu pourras glisser quelques suggestions, au non-habitué du monde du livre qui vient chercher des albums pour ses enfants “parce que c’est important”, aux ados et étudiants qui achètent les biblios d’enseignants, aux vieilles dames qui font grande consommation de polar noir.
Céder des livres pour qu’ils soient revendus, c’est aussi destiné à un public particulier, comme je l’ai dit plus haut : en résumé, la librairie d’occasion (et plus encore, la librairie d’occasion dans Paris) est un milieu, me semble-t-il plus clos encore socialement que la librairie de neuf, où ne se retrouvent presque que des lecteurs aux usages culturels déjà bien affirmés, ou des clients ayant des raisons objectives de venir*.

Donc, un public restreint, pour absorber une marée infinie d'ouvrages.
A un certain point, dans cet océan de bouquins dont la durée de vie commerciale ne dépasse pas les six mois à deux ans, confronté à un lectorat si restreint, j’en viens à espérer le développement d’un print-on-demand de qualité dans les années à venir, une certaine forme de minimalisme dans les quantités envoyées à l’impression, la généralisation des tablettes, au moins pour la part de la production dont on sait déjà qu'elle aura une durée de vie courte.

Et voilà donc l'essence de ce que j'ai retiré de cette expérience particulière dont j’ai savouré chaque minute. Elle m’aura permis un coup d’oeil dans le trou de la serrure de l’édition contemporaine, une indiscrétion sur les bibliothèque des parisiens de tous âges, de toutes professions, et leurs manières de lire.
Pour une bibliomane enragée comme je le suis, cela n’a pas de prix.
Juste comme ça, la prochaine fois, j'aimerais m'enquérir de la gestion que nous faisons, nous tous, de nos bibliothèques personnelles.

A suivre, donc.

* mise à jour suite à notre discussion Twitterienne sur les achats généralement exécutés en occasion :

De ce public-là viennent des choix d'achats drastiques, et étonnamment peu aventureux étant donné le faible prix de vente. Ce qui se vend le mieux, ce sont les classiques, ou les livres n'ayant plus rien à prouver (du Duras, du Virginia Woolf, des classiques des sciences humaines). Parfois également, des ouvrages qui témoignent de cheminements intellectuels précis (tel auteur, de telle maison d'édition, sur tel sujet).
Mais rarement des achats "coup de dé", alors que le livre ne coûte pas très cher. J'imagine que ce type d'achat pulsionnel est réservé au neuf, le livre revendu est, lui plus acheté pour sa valeur intrinsèque (puisque sa valeur physique est elle, dégradée).

mardi 17 février 2015

Le lien du mardi #7 : viens, on mange des légumes

Ma chère Aurélie,
merci pour cet inénarrable article d'hier, tu te souviens que je suis friande de ces petites théories folles dont la communauté de fans de Sherlock a le secret, et que tu sais admirablement raconter (je me souviens notamment d'un plan de la scène fatale recréé avec une poivrière et un pot à moutarde dans un diner américain du 6e. Je ne sais plus lequel des deux était Sherlock, peut-être la bouteille de ketchup, elle avait l'air plus hautain).

Enfin bon, ce souvenir me fait une transition toute trouvée pour qu'on parle de boustifaille- pardon- de l'alimentation saine et variée que nous devrions tous avoir, dans un monde idéal où on aurait le temps et l'envie.
J'aimerais bien te dire que ça me fait allègrement rigoler, et que je me goberge de chips au guacamole arrosées de jeroboams d'alcools exotiques et variés (ou pas d'ailleurs). Mais voilà : j'ai toujours des soucis de santé qui m'en empêchent, et si je veux avoir des chances d'être cynique avec mes petits-enfants un jour, je suis obligée de me plier à ces efforts-là.

Manger sain, ça passe par cette chose que nous maudissons tous (bwwwah!), qui poussent en pleine terre (brrraaaaah!), et ont des goûts autrement plus forts que la sacro-sainte pomme de terre (blaaaaah!) : les légumes. Pour manger ces trucs-là, auxquels l'alimentation industrielle nous a méchamment déshabitués, pas d'autre solution : il faut les cuisiner.
Ne me regarde pas comme ça : je sais. On a un demi-milliard de trucs plus intéressants à faire.
Mais comme c'est pour notre santé, on le fait, et on cherche des idées.
Et moi (oulà dis-donc mais c'est que j'en arriverai presque au corps du délit au milieu de toute cette soupe bavassière : le lien s'approche, beware!), mon secret à moi, mon Ginette Mathiot apocryphe (yep, team Ginette, si tu connais pas l'affaire, c'est comme team Beatles ou team Rolling stones, mais pour la cuisine), c'est les sites Vegans.
Pourquoi ? Parce que je suis déjà convaincue qu'il faut limiter notre alimentation en animaux, et que ces gens sympathiques sont imbattables sur les recettes de légumes (vu qu'ils suppriment une source de protéines, il faut la réintroduire en cherchant ailleurs, et en essayant de faire des plats fun en plus).
Et donc, je suis une addict de Garden of Vegan, ce joyeux tumblr plein d'images d'aliments sains et de recettes appétissantes.


Comme toujours, pas de folies budgétaires, la recette avec le moins d'ingrédients possibles est ton amie. Mais ça fait toujours un tombereau de bonnes idées que j'aurais jamais eu toute seule, et qui me permettent de frimer avec mon Tupperware à la cantine.

Et comme je suis toujours à l'affût, de ton côté, tu as des idées de recettes cool à me conseiller ?

PS : l'auteur de cet article long comme la préparation d'une soupe aux pois cassés est en vacances, et comme toujours, ça booste sa créativité, d'où ces 120 000 lignes pour un seul lien. Jeudi, je réinvente Guerre et Paix, chausse tes bésicles, ce sera fou.

lundi 16 février 2015

Lien : Quelques théories sherlockiennes

Chère Laurence,

Cette semaine, j'inverse et je te propose un lien ce lundi, en attendant un article plus complet vendredi prochain.

J'ai re-re-regardé "The Reichenbach Fall" (Sherlock, s02e03) hier et, avec toutes les nouvelles concernant la série ces jours-ci (la fin du tournage de l'épisode spécial qu'on attend probablement pour Noël ; la première convention officielle qui se profile très bientôt), j'avoue, j'ai replongé. Je suis atteinte de fandomite aigüe. Je n'arrive pas à penser à autre chose. D'où l'absence d'article aujourd'hui...


Mais ma partie préférée, dans le fandom, ce sont les théories. Je me suis remise à lire les théories farfelues qui ont pu être invoquées au cours des dernières années.
Et je ne te parle même pas des miennes. (De théories.)
Mais la reine en la matière, c'est finalproblem. Elle officie sur tumblr, et elle est fantastique. C'est elle qui m'a entraînée dans le terrier du lapin blanc quand nous essayions encore de déchiffrer les indices de The Reichenbach Fall.
Et, le truc, c'est que... elle pense (et moi avec) que nous n'avons pas encore vu la véritable solution à la chute de Sherlock. Il y a des trucs qui ne collent pas. Et il y a des fils qui n'ont pas été noués.
Alors le lien que je te propose d'explorer aujourd'hui, c'est cette liste de ses théories les plus récentes. Je te conseille en particulier celles rangées sous le nom "the empty fall", qui expliquent pourquoi la solution proposée dans "The Empty Hearse" (s03e01) cherche probablement à nous induire en erreur.

Bref, je retourne à mes visionnages et je te souhaite une bonne lecture !

- Aurélie

vendredi 13 février 2015

Le lien du vendredi #6 : Porto Photography Guide

Chère Laurence,

Je voudrais te faire découvrir Porto plus avant via un blog que je viens tout juste de découvrir : Porto Photography Guide.


La personne qui tient le site photographie Porto sous tous ses angles et nous fait découvrir tout un tas de lieux incroyables.
Tous les articles sont écrits en portugais et traduits en anglais en bas de page. Du coup, n'hésite pas à scroller pour en apprendre plus sur les beautés de cette ville.

Je ne t'en dis pas plus et je te laisse découvrir le site !

- Aurélie

mardi 10 février 2015

Le lien du mardi : exploration urbaine avec The Bohemian Blog

Chère Aurélie,
Merci pour ce bel article d'hier, en effet, rien n'est plus efficace que de pratiquer régulièrement la langue que l'on apprend. Pour ma part, j'aime particulièrement parcourir les journaux d'un pays que je visite, hanter ses librairies et avoir un aperçu de son état d'esprit. D'où l'intérêt d'apprendre de nouvelles langues, n'est-ce pas ?

Quoiqu'il en soit, nous sommes mardi, et je te propose du voyage. Il y a bien longtemps que je n'ai été lire un article du passionnant Darmon Richter, et je t'invite à la faire aussi.
Les blogs d'exploration urbaine et de curiosités étranges nous emmènent ailleurs par le biais de belles photos et de lieux fantastiques, souvent avec talent, mais The Bohemian Blog est à mon sens, le vainqueur inégalé de cette catégorie.



Parce que tout d'abord, Darmon Richter a une vaste culture générale, et le souci d'écrire un bon article.
Il se renseigne avant de choisir une destination, et nourrit donc ses articles d'informations sur le contexte général du lieu visité (histoire, situation dans la région...)

Ses destinations témoignent de la même intelligence, et brillent par leur originalité : d'une usine abandonnée à Londres, en passant par un parc des Enfers asiatiques, une ville moderne à peine construite et déjà abandonnée, une usine nucléaire cubaine... Ses choix ont un sens, et souvent de l'impact sur le lecteur.

Enfin, notre journaliste-aventurier ne recule devant rien, et se met régulièrement en danger. Il raconte avec verve des garde à vue avec le KGB, des escalades sur buildings à l'autre bout du monde ou de lointaines errances dans des conduits souterrains, donnant à son écriture un ton d'urgence fascinant, et laissant le lecteur frissonant devant tant d'inconscience (et extrêmement admiratif, bien évidemment).

 J'ajouterais que c'est aussi l'occasion de voir de fort belles photos, et tu comprendras pourquoi je visite régulièrement The Bohemian Blog, le temps d'un thé.

lundi 9 février 2015

Le portugais sans peine

Querida Laurence,

Cette semaine, je t'écris depuis Porto où je passe une semaine de vacances. Le soleil est au rendez-vous mais l'humidité rend l'atmosphère incroyablement froide : malgré dix degrés de plus, j'ai plus froid qu'à Londres !
Bref, aujourd'hui je voulais donc te raconter comment je suis en train d'apprendre à parler le portugais.

Le Pourquoi

Tout d'abord, parlons des circonstances de ma motivation : comme tu le sais, mon compagnon de voyage, Daniel, a grandi au Portugal et parle parfaitement le portugais. À Londres, une majorité de ses amis sont eux aussi portugais, et il s'avère qu'ils sont devenus les miens, d'amis. Il me fait partager sa culture, en particulier son amour de Pessoa et de Saramago.
Il y a donc dans mon univers beaucoup d'incitations me poussant vers l'apprentissage de cette langue. Et, soyons honnête, j'adore apprendre de nouvelles langues, je n'ai pas besoin qu'on me pousse beaucoup pour retomber dans des listes de verbes irréguliers...
Mais ce qui m'a poussée définitivement vers le portugais, c'est que, contrairement à d'autres langues à moitié abandonnées en court de route, il y a pour celle-ci une haute probabilité que je puisse maintenir un contact régulier avec des lusophones.

Tâtonnements

Mon premier mouvement a été de me diriger vers les manuels scolaires français pour l'enseignement du portugais dans le secondaire. C'est une stratégie qui m'avait réussie pour le japonais : le Manekineko étant un manuel créé à la fois pour l'enseignement en classe et l'étude personnelle que j'avais adoré suivre.
Mais c'était là une erreur. Je me souvenais d'un manuel de portugais que j'avais catalogué à l'IUFM, sans me rappeler les détails de son contenu. En fait, il s'adressait spécifiquement aux classes de collège et s'est avéré inutilisable sans professeur.

J'ai donc décidé de mener l'enquête pour trouver une méthode adaptée à mes besoins et qui ne soit pas trop chère, ou qui soit disponible dans ma bibliothèque de quartier.
J'ai donc dû pénétrer le monde des méthodes en anglais, et c'est là que j'ai rencontré un autre problème : la majorité d'entre elles est orientée vers le brésilien plutôt que vers le portugais européen.
Je soupçonne qu'en France, les liens migratoires et culturels avec le Portugal rendent le problème moins présent. Mais le monde anglophones et définitivement plus lié avec le Brésil. Il m'a donc fallu opérer un tri méticuleux pour être sûre que la méthode que je choisirais porterais bien sur le portugais européen.
Quand j'ai demandé à Daniel la différence entre les deux, il m'a expliqué qu'elle est similaire à celle entre le français et le québécois... Quelque peu substantielle donc !

Méthodes


J'ai fini par trouver à la bibliothèque un manuel publié par BBC Active. Il était court, peu volumineux (et donc facile à transporter dans le métro), avec de nombreux exemples audios (très "my taylor is rich") et axé sur des situations que l'on peut rencontrer en tant que touriste.
J'ai adoré l'utiliser et j'ai trouvé que c'était là une excellente initiation. Mais je l'ai fini excessivement vite et il m'a donc fallu repartir en quête d'un autre manuel...

Mon second manuel est en fait une grammaire. Elle comporte 50 leçons bien découpées, et je suis encore loin de l'avoir finie !
Il est très ordonné et me permet de remettre dans l'ordre les petits bouts de grammaire mentionnés ça et là dans le volume précédent. Mais ce n'est pas qu'une grammaire : chaque unité propose du vocabulaire sur un thème de la vie quotidienne qui est repris dans les exemples.
Néanmoins, je le déconseillerais aux vrais débutants : il n'y a pas d'exemples contextualisés (une vraie conversation, quelques paragraphes de textes : ce sont toujours des phrases isolées) et pas de partie audio.

Pour aller plus loin

Je pense qu'après ce manuel-ci, je continuerais avec d'autres grammaires, car malgré la taille de l'ouvrage et ses cinquante leçons, il reste une initiation. Par exemple, on n'y aborde que le présent de l'indicatif, mais sous toutes ses coutures (vivent les verbes irréguliers !).

D'autre part, je compte bien commencer à aborder de vrais oeuvres portugaises (après tout, c'est bien Harry Potter qui m'a appris l'anglais !). J'ai commencé avec des albums pour enfants, et je me suis achetée O Anibaleitor de Rui Zink, que je vais commencer à lire avec l'aide de Daniel.

Côté cinématographique, outre les recommandations de Daniel, je compte m'attaquer à cette liste, publiée par le CRDP, de films de fiction et documentaires en portugais (et brésilien).

Bref, j'ai encore plein de choses à découvrir et beaucoup de travail devant moi !
Et toi, qu'apprends-tu en ce moment ?

Até logo,
- Aurélie

vendredi 6 février 2015

Le lien du vendredi #5 : Ancient Lives

Chère Laurence,

Les liens que nous échangeons les mardi et vendredi parlent beaucoup de culture. Mais aujourd'hui, je voudrais te parler de science. Et de science participative qui plus est !

La science participative, c'est quand de petites citoyennes comme toi et moi peuvent participer à l'avancement de la science. L'exemple le plus connu c'est "Fold It", une expérience qui propose de "jouer" à plier des protéines... Il paraît que c'est très addictif ! Et ça permet aux chercheurs de faire résoudre ces problèmes de pliage 3D par des cerveaux humains, qui restent plus efficaces que les solutions informatiques actuelles.

Mais le projet dont je voulais te parler aujourd'hui (et qui m'obsède depuis deux jours), c'est "Ancient Lives".
Tu te rappelles des collections de Papyrus de Paris 4 dont nous avions pu admirer des spécimens ? Et bien les papyrologistes d'Oxford ont scanné tout un tas de leurs collections et les ont mises en ligne... Et ils nous demandent de les aider à les transcrire !
Ces papyrus-là sont écrits en grecs (pas de hyéroglyphes, à mon grand désarroi !).


Le jeu consiste à identifier la position de chaque caractère et à l'identifier. Nul besoin de connaître le grec ancien, il y a des aides pour t'aider à reconnaître les lettres. (Quoique, ça doit être plus amusant si tu sais reconnaître quelques mots ?)
Parfois les papyrus sont vraiment durs à déchiffrer. Et certains sont écrits comme des cochons. Mais ça donne du challenge !
Je t'encourage donc vivement à aller essayer !

Passe un bon week-end,
- Aurélie

jeudi 5 février 2015

Une histoire de cheveux


Ma chère Aurélie,

Comme tu n’as pas encore eu l’occasion de le voir, je te décris la chose : depuis quelques temps, j’ai les cheveux d’un rouge flamboyant et longs comme jamais, une authentique Veronica Lake des 7 Enfers.
Tu me diras que je t’ai habituée à maints drames capillaires, que je suis intarrissable d’ordinaire sur les bienfaits / méfaits des shampooings, et que cette transcendante nouveauté n’est qu’un chapitre de plus sur cette longue relation sado-masochiste que ma paillasse et moi entretenons depuis des années.

Ouaaaais, mais.
Ce coup-ci, j’avais été vraiment très loin dans les dégâts chimiques.
Mon cuir chevelu me démangeait en permanence, et mes cheveux finissaient par ressembler à des Barilla pas cuites. Pour régler le problème, pauvre innocente, je surajoutais de la chimie, de plus en plus chère, et j’appréhendais trois semaines à l’avance la prochaine couleur (car oui, bénie par la génétique, j’ai le cheveu blanc précoce de ma mamie préférée, ce qui ne me laisse pas des tonnes de possibilités à moins de vouloir ressembler dès maintenant à la Mère Noël).
C’était l’apocalypse du tif, et ça faisait mal.

Comme je ne voyais pas trop quoi faire et que la situation ne s’améliorait pas, j’ai fini par aller demander conseil à mon pharmacien (ce qui a donné lieu à une improbable scène où ce vétéran de la pharmacie a soulevé mes tifs devant une file bondée en émettant des mmmh mmmh pensifs). Abrégeons parce que je te la fais longuette, selon lui “les shampoings du commerce, c’est de la saleté, ne vous étonnez même pas. Achetez plutôt du shampoing bio, et arrêtez de trafiquer vos cheveux, ils sont déjà ruinés.”

Venons-en au corps de cet article infiniment long et proportionnellement futile : j’ai fait ce qui m’a été dit, j’utilise un shampoing dont la base lavante est au sucre et qui ne mousse pas.
Mais le drame, le corps du délit, la couleur : je ne pouvais pas rester avec les cheveux tels quels. Et visiblement, les colorations naturelles, c’est pas encore au point pour camoufler les cheveux blancs. J’ai cherché sur Internet, et j’ai trouvé l’idée du henné.

Donc, le henné, le vrai le nature, c’est une plante, lawsonia inermis, qui, séchée et réduite en poudre, a de très fortes propriétés colorantes. Si fortes, qu’au naturel elle couvre les cheveux blancs, donc exactement ce qu’il me faut. D’autres plantes colorantes existent, avec d’autres résultats en matière de couleur, mais j’ai décidé de réaliser mon fantasme de petite fille, et d’assumer le rouge explosif.

La recette, appliquée une fois par mois sur cheveux propres (et préalablement enduits de jus de citron, qui renforce les reflets rouges) :
200 g de Henné du Rajasthan Aromazone
1 cuillère à soupe d’huile d’olive
8 gouttes d’huile essentielle d’Ylang-Ylang (solution contre les cheveux secs)
un peu d’eau très chaude.

Mélanger dans une jatte avec un ustensile de cuisine en bois ou en plastique (pas de métal), appliquer au pinceau sur les cheveux. Emballer artistiquement avec du film étirable (oui, tu as bien lu et non, je n'envoie pas de photos), recouvrir d’une serviette. Se planifier une activité passionante et domestique pour les quatres heures suivantes. Puis rincer, laver, hydrater, sécher, et admirer.
Peu à peu, le dépôt de henné sur la fibre capillaire va renforcer le cheveu (car contrairement aux colorations chimiques le henné ne l'ouvre pas pour insérer de la couleur : il se dépose dessus et la renforce). Donc, plus on avance dans les colorations au henné, plus nos cheveux vont bien, et plus nos cheveux sont rouges.

Et, c’est ainsi que ma tignasse fut sauvée :-)

Edit du 06/02 : Il y a une chanson choupinette qui irait bien avec cette loghorrée capillaire, et c'est celle-là :

(The hair song, de Black Mountain, sur l'album Wilderness Heart.)

mardi 3 février 2015

Le lien du mardi #5 Joies de la librairie à distance

Chère Aurélie,

Rien n'est plus nourrissant pour l'esprit que la fréquentation d'une bonne librairie, pleine de professionels aux goûts sûrs, et qui, dès qu'ils vous connaissent un peu, sauront vous conseiller des lectures pour étendre vos connaissances et sortir de votre zone de confort littéraire.

Paris est prodigue en librairies de ce genre, et j'en connais au moins deux, qui en sus de leurs activités de diffusion de bons livres, ont des politiques d'animations et de conférences enthousiasmantes.

Tout cela est bel et bon, vas-tu me dire, mais comment faire quand on n'est pas dans les environs ? Quand notre auteur préféré passe et qu'on a piscine ? Ou qu'on habite trop loin ?

Et bien, on s'installe dans son canapé, avec un thé et des biscuits, et on regarde la présentation plus tard sur Internet, parce que la librairie Charybde, notamment, déjà grande pourvoyeuse de livres de qualité, te permet d'assister aux débats en vidéos, quelques temps après.

Voici quelques vidéos qui devraient te permettre d'ajouter des titres à ta reading list :

Littérature Sandinave avec l'auteur luvan

Littératures Asiatiques avec Bidibulle

Mélanie Fazi parle de Just Kids, de Patti Smith

Jean-Marc Agrati libraire d'un soir

Léo Henry en Charybde, résidence autour de l'élaboration d'une oeuvre, 1

Et un jour, quand tu viendras de ce côté de la Manche, je t'emmènerai y faire un tour en vrai :-)

Librairie Charybde
129 rue de Charenton
75012 Paris

lundi 2 février 2015

La rénovation du sac à main

Chère Laurence,

J'ai mal au dos. Ça n'est pas vraiment un scoop : tout le monde a mal au dos ces temps-ci. Après tout, ce n'est pas étonnant, vu qu'on passe tout notre temps avachies devant nos ordinateurs... Mais je ne me plains pas ! J'adore passer mes journées avachie devant mon ordinateur, et ca n'est pas prêt de changer.

Mais j'ai remarqué qu'il y a un autre facteur qui joue dans mon mal de dos : l'énorme sac à main que je me trimballe matin et soir, bourré à bloc... Alors j'ai décidé de faire quelque chose ce côté là.

Mon problème principal, c'est que j'ai toujours beaucoup de choses à me trimballer : en plus des essentiels, j'ai presque toujours une lunch box les jours de semaine, des fringues de rechange quand je ne passe pas la nuit chez moi, mon appareil photo le week-end, etc.
Et comme, jusque-là, j'utilisais un sac immense, je me retrouvais avec tout ce fatras sur l'épaule droite, à marcher de guingois.

Du coup, j'ai mis en place, petit à petit, plusieurs solutions.

Solution numéro un : réduire la taille du sac, histoire d'alléger le poids sur mon épaule, et prendre un sac de toile dans l'autre main quand j'ai des "extras" à trimballer. Ma frangine ma offert un super sac en cuir pour Noël qui est... excessivement petit. Et qui répond exactement à cette idée de réduction de taille ! (Et en plus il est super beau - et bleu - ce qui ne gâche rien.)

Solution numéro deux. Réduire le nombre et la fréquence des "extras". Comme je te l'ai raconté dans mon post sur la lunch box, j'essaie de transporter au moins deux ou trois jours de bouffe par voyage, histoire de ne pas avoir à le faire tous les jours.

Je profite de ces jours-là pour trimballer mes fringues de rechange du même coup. Et je laisse un maximum de trucs en double chez la personne chez qui je passe la nuit : fini les brosses et déo dans le fond du sac à main. C'est sympa cinq minutes, mais ça fait vite du poids en plus !

Enfin, j'ai décidé de mettre en place une solution numéro trois : la réduction en taille et en poids de mes "essentiels". Je ne quitte jamais la maison sans mon téléphone, mon porte-feuille et mon carnet. Or, comme tu le sais, mon téléphone était jusqu'à présent un grosse tablette 7 pouces dans son étui encombrant. Mais ça c'était avant ! J'ai enfin pu la remplacer par un téléphone qui ressemble un peu plus à un téléphone (même si c'est toujours l'un des plus volumineux du marché).

Du point de vue du porte-feuille, j'ai remisé mon gros à moustache dont la fermeture éclair était en voie de décès au profit d'un autre plus petit, en cuir et en solde, de Betty Jackson (dont je suis décidément fan).

Et enfin, comme j'arrive à la fin de mon superbe carnet "Don't forget to write" décoré par Julia, je vais le remplacer par un autre, beaucoup plus petit et léger (avec beaucoup moins de pages) de chez Muji.

Tu peux voir tout ça dans la photo ci-dessous. Je peux te garantir que les affaires de gauche sont au moins deux fois plus lourdes que celles de droite.


Ça fait plusieurs mois que j'implémente, petit à petit, toutes ces solutions, et, franchement, je ne comprends pas comment je me suis trimballée avec un sac si lourd toutes ces années. Les rares fois où j'ai dû reprendre mon gros sac SuperDry bourré à bloc (pour aller prendre l'avion, ou pour trimballer mon gros appareil photo par exemple), je suis revenue en ayant terriblement mal à l'épaule et au dos.

Du coup, j'essaye de me tenir à ma nouvelle version de sac à main, même si parfois c'est embêtant de ne pas pouvoir tout mettre dans un seul sac.
Le seul truc que je n'ai pas vraiment résolu, c'est comment transporter mon appareil photo sans mourir de l'épaule. Du coup, pour l'instant, j'expérimente la prise de photos avec mon nouveau téléphone (ça faisait un bail que je ne pouvais plus en prendre avec l'ancien !) et je réserve le DLSR pour les grandes occasions. Mais on verra si j'arrive à trouver une autre solution. Je te tiendrais au courant !

Et toi, qu'en est-il de ta situation sac-à-main-esque ?

- Aurélie