lundi 19 janvier 2015

La problématique de la lunch box

Chère Laurence,

Il y a peu de choses que je n'apprécie pas dans la culture anglo-saxonne. Mais celle qui m'horripile vraiment, c'est leur façon de manger à midi. Ou pas.
Habituée que j'étais aux grandes cantines auxquelles on va en groupe avec les collègues, ça m'a un peu fait un choc quand je me suis aperçue qu'il me faudrait désormais manger seule les midis. Bon, ce n'est pas bien grave, ça me permet de lire mon Feedly tranquille et de jouer les asociales devant mon ordinateur, mais je trouve que ça a aussi de sérieux inconvénients.

Premièrement, plutôt que d'avoir un moment tout prêt où je suis obligée d'avoir des contacts avec le reste de mes collègues, il faut que je pense de moi-même à sortir de mon trou une fois de temps en temps pour aller dire bonjour, et ne pas oublier celles qui sont au fond du couloir. Non, la sociabilité ne m'est pas spontanée. Oui, il faut que je me donne des coups de pieds aux fesses pour être sûre que je ne vais pas passer ma journée sans parler à personne.

Deuxièmement, pas de cantine signifie qu'il faut que je me démerde pour apporter mon propre déjeuner. Mes collègues semblent ne manger que de la soupe le midi. Tu imagines toi, ne manger qu'un bol de soupe, tous les midis de l'année ? Mon estomac gémit rien qu'à l'idée. Comment font-elles pour ne pas mourir de faim ?
Bref. D'où la lunchbox.
J'avais commencé 2014 avec de grandes idées de petits bentos mignons que j'aurais préparés avec amour dans le petit matin.
Comme on pouvait s'y attendre, cette lubie m'a duré moins d'une semaine.
Du coup, j'ai passée une année complète à manger des sandwichs faits à la va-vite alors que je suis déjà en retard pour prendre mon métro. J'ai passé des MOIS à avaler exactement la même chose en boucle (pain de mie au céréale, beurre, saucisson l'été dernier ; pain de seigle, avocat, vache qui rit - oui, on en a ! "The Lauging Cow" ! - pendant tout l'automne...). Jusqu'à atteindre le point fatal : "Si je vois encore le moindre avocat, je vais vomir." Ce qui est fort dommage, parce que, en temps normal, j'adore l'avocat.

Deux menus par mois

Bref, j'ai un problème de variété. Et j'ai un problème de "je le fais à la dernière minute du coup y a intérêt que ça me prenne moins de 15 secondes".
Pour y remédier, j'ai décidé d'en passer par une technique que je mets souvent en pratique : y réfléchir à l'avance pour ne plus avoir à y penser au quotidien.
Dans les faits voici ce dont j'ai décidé : au début de chaque mois, je me fais une réunion au sommet avec moi-même et on décide deux menus qu'on va manger tous les jours à midi ce mois-ci, en alternant à peu près une semaine sur deux.

Les conditions :

  • Il faut que je puisse le préparer à l'avance pour ne pas avoir à le faire le matin même.
  • Il faut que ce ne soit pas trop long à cuisiner (sinon, je me connais, je ne le ferais pas).
  • Il faut prendre en compte ce qui est de saison.
  • Et, sans bonne raison aucune, j'ai décidé qu'il faut que ce soit sans blé.
  • Enfin, il faut que je puisse avoir une alternative pratique et pas chiante pour les soirs où je mange chez moi (ce qui est moins d'un soir sur deux en ce moment).

L'histoire du "sans blé", c'est complètement ta faute. Tu m'avais parlé d'un documentaire sur la question quand on s'est vues la dernière fois et je l'ai noté dans un coin de ma tête. Et je l'ai ressorti quand j'ai commencé à réfléchir aux choses que j'avais envie de changer dans mon alimentation.
Je n'ai pas réussi à retrouver le documentaire en question (ni aucune info vraiment convaincante concernant le "sans blé" d'ailleurs), mais, à ce que cela ne tienne, je me suis dit que ce serait une bonne excuse pour bannir les sandwichs et les immenses assiettes de pâtes qui ont fait mon quotidien en 2014. Enfin, c'était jusqu'à ce que je découvre le rayon "sans gluten" de mon Waitrose préféré. Aaaah... Leurs brownies sans gluten sont un régal !

Bref, du coup, j'ai aussi décidé de bannir ce rayon, du moins pour l'instant. Parce que l'idée, c'est aussi de me pousser à manger des choses nouvelles, pas forcément de retomber dans mes vieilles habitudes.

À table !

Ok, du coup, qu'y a-t-il dans mon menu ?
D'une part, j'avais ramené de France des reblochons, du coup, forcément, en ce mois de janvier, c'est tartiflette (avec des carottes en entrée pour faire semblant de manger un peu des légumes quand même).
Et puis en janvier, les endives sont de saison, du coup c'est parti pour la salade d'endive (avec roquefort, poires, noix, et pain de seigle). J'en mange rarement en temps normal, du coup, c'est l'occasion. En même temps, ça a pas l'air d'être super populaire par ici, les stocks d'endives dans les supermarchés sont faibles voire inexistants.
Mes desserts sont invariants : clémentines et chocolat. Just because.

Pour les soirées, je me bricole des trucs avec les ingrédients de mes menus de midi plus quelques ajouts : velouté de champignons (que j'achète tout prêt, d'accord, mais c'est tellement pratique),  tomme, saucisson (encore du stock ramené de France !), châtaignes et oeufs.

Je voulais aussi ajouter des épinards (j'adore les épinards !) mais, jusqu'à présent, je n'ai pas réussi à en trouver surgelés dans les supermarchés que je fréquente. Et si je les achète frais au marché, les chances pour que je les cuisine avant qu'ils ne dessèchent sont assez basses, surtout s'ils sont dans ma catégorie "optionnelle". Enfin, on verra, peut-être que je les mettrais à mon menu principal un mois prochain.
Mon autre aliment à problèmes, ce sont les artichauts. Impossible de trouver un artichaut dans tout Londres les trois-quart du temps. Du coup, quand j'en vois sur mon radar (comme la semaine dernière !), j'achète tout le stock et au diable mes plans élaborés, je me fais une cure d'artichaut pour la semaine. J'a-do-re les artichauts.

Bref, pour revenir à mon idée de menus, au final, ça me permet d'avoir une liste des courses unique pour tout le mois de janvier = réflexion minimale au supermarché.


Je te rassure tout de suite : non, je n'ai pas tourné végétarienne. Ça ne risque pas ! Mais, comme je te le disais, environ un soir sur deux, je ne suis pas chez moi. Du coup, j'en profite pour me faire de pleins ventres de viande rouge et de sushis. Mais c'est une autre histoire.

En cuisine

Histoire de vraiment jouer le jeu, j'ai commencé le mois en vidant mon placard (oui, placard au singulier : j'habite en coloc, du coup, je n'ai qu'un petit placard et un étage dans le frigo pour toute ma bouffe). J'ai tout posé par terre, je lui ai donné un bon coup d'éponge et j'ai mis tous les ingrédients de ma liste en évidence, et tout le reste bien planqué au fond. J'aurais bien l'occasion de ressortir mes paquets de riz et de lentilles plus tard.
Ensuite, je suis allée faire les courses, armée de ma liste.
Aaaah ! Plus de dilemme au rayon frais à guetter les remises sur les filets de bœuf et à me demander si j'aurais le temps de tout manger avant la date de péremption (tu connais le truc : dans les faits, si c'est en réduction, c'est que ça périme demain...).

J'essaie de préparer un maximum de portions en une fois. Ça serait logique que je fasse ça le dimanche, mais ça n'est pas toujours possible, alors je roule en fonction de mes disponibilités. Au moment où j'écris ces lignes, j'ai quatre tupperwares de raclette dans mon frigo. Pour les semaines de salade, je prépare aussi tout à l'avance je me contente d'ajouter la sauce le matin avant de partir et c'est nickel.
Si possible, je transporte directement plusieurs jours de repas dans le frigo du bureau (ça m'évite de me trimballer avec un sac "déjeuner" en plus de mon sac à main tous les jours...), mais il n'y a pas beaucoup de place alors je ne le fais que pour deux ou trois jours à la fois.

Jusque-là, je suis vraiment contente de ma nouvelle organisation. Deux menus pour tout un mois, ça peut sembler peu mais pour moi c'est beaucoup plus varié que ce que je faisais avant !
De plus, je ne mange que des choses délicieuses et simples, que j'adore.
Et puis, un mois, ça passe vite. Alors je profite à fond de chaque bouchée de tartiflette. Et je me réjouis à l'idée de m'inventer de nouveaux repas pour février...

Je vais essayer de continuer sur le reste de l'année, mais si ça commence à devenir ennuyeux, je passerais à autre chose. L'idée ce n'est certainement pas de se limiter ou de se priver. Jamais plus. Alors si cette organisation devient pesante et moins fun, je n'hésiterais pas à la sabrer sans remords. Mais je te tiendrais au courant...

- Aurélie

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